vendredi 9 juin 2017

Culpabilité


Ce mot, je ne cesse de l'entendre dans la bouche des mamans que j'accompagne, des mamans de mes élèves, et de nombreuses mamans autour de moi.
Un mot qui commence à m'exaspérer. Pourquoi une mère devrait-elle se sentir coupable ?

Souvent parmi celles que je rencontre c'est le travail qui est à la source de cette culpabilité.
Je suis une mauvaise mère parce que je travaille.
L'idée que l'on puisse être une "mauvaise" mère aussi en ne travaillant pas ne les effleure même pas.
L'idée que ce travail a du sens, que grâce à lui la famille peut vivre, ce n'est pas rien. En région parisienne où il est compliqué de pouvoir se loger sans avoir deux salaires, imaginez le nombre de femme qui devraient avoir l'obligation de culpabiliser !
J'ai le sentiment de passer mon temps à rassurer les mères sur leurs capacités, sur leur bonne volonté, sur le fait qu'elles sont de bonnes mères et qu'elles font de leur mieux chaque jour.
Je sens cette injonction de la mère parfaite qui rôde autour d'elles (et de moi), cette injonction qui ne leur laisse aucune marge et qui les fait se sentir mal dès que quelque chose de suspect dépasse un peu de leur vie qui devrait être si parfaite.

Alors aujourd'hui je voudrais insister sur le "faire de son mieux".
Notre enfant ne demande pas une mère parfaite. Il lui demande juste d'être à son écoute, de veiller à sa sécurité, de lui procurer l'amour nécessaire pour grandir.
Est-ce que le travail retire à la mère sa capacité d'être une bonne mère. Je ne le crois pas.
Chacune à sa manière d'être mère, qu'elle travaille ou non. Le tout étant de trouver son équilibre et de savoir réserver le temps nécessaire pour les siens, de la manière qui nous correspond.

Enfin, je profite de ce billet, pour rebondir sur ce que l'on entend à propos de l'éducation positive, bien en elle-même mais qui peut être aussi tellement culpabilisante quand on a l'impression de ne pas pas pouvoir y arriver, de crier tout le temps. Hier encore, j'écoutais une émission sur le sujet avec des tas de "on doit" et de "si un parent n'est pas la pour faire ceci ou cela, à quoi sert-il ?" , et je me disais que, oui, c'est bien d'avoir accès à des outils qui peuvent nous aider à rebondir, à faire mieux ou en tout cas autrement mais non, si c'est pour asséner des "yaqu'afautqu'on" alors on rate la cible et on enfonce le parent qui cherchait à faire un tout petit pas pour s'améliorer.

Alors par pitié, pensons aux tout petits pas, ces tout petits pas faits quand cela est possible pour nous, quand nous sommes disponibles pour améliorer ce que nous estimons améliorable et restons bienveillantes envers nous-mêmes. Nos enfants n'ont pas besoin d'une mère parfaite, ils ont besoin d'être aimés, c'est tout. Et le reste suivra.



7 commentaires:

  1. Et surout commencer par être bienveillant envers soi-même... pour justement pouvoir l'être avec les autres...

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  2. Comme tu as raison ! Mes enfants sont des presque adultes maintenant. Et je crois qu'ils m'ont entendu toute leur enfance leur répéter qu'on faisait de son mieux avec ce qu'on était nous même, ce qu'on avait mais qu'on le faisait toujours avec amour et souci de "bien faire". Ils m'ont fait certaines remarques (justes parfois) mais globalement, le message est passé. Ils ont accepté l'imperfection. J'ai toujours eu en horreur tous ces diktats sur l'éducation, les trucs qui te disent que tout est joué avant 3 ans (absolument aucune pression) que si tu as dit/fait/pensé telle chose, ton enfant sera traumatisé, etc etc. l'impression d'être sans arrêt "évaluée".
    Bref ;-)

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  3. Tellement vrai ;)
    Mais malheureusement, difficile de se séparer de cette bonne vieille culpabilité qui nous colle aux basques... pas que sur le sujet du travail malheureusement... Un mère au foyer sera aussi culpabilisée car elle est un "poids" pour la société par exemple ... :(

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  4. alors là , entièrement d'accord, personnellement j'ai renoncé depuis la naissance de n2 à être une bonne mère qui fait du bien, je n'y arrive pas, je ne suis pas organisée, je ne sais pas anticiper, donc mes filles n'ont pas toujours tout dans les temps, et au fond on fait avec; parce qu'on travaille pour la salaire, mais pas que, c'est important pour certaines femmes d'avoir une vie professionnelle ce qui n'est pas antinomique avec l'idée d'aimer ses enfants plus que soi-même.
    Merci de ce billet (et l'éducation positive bienveillante et tutti quanti n'est pas toujours très bien appliquée je trouve)

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    1. Merci de ta visite Galéa ! Heureuse de te lire à nouveau !
      On va essayer d'être bienveillantes quand même ! Et parfois on fera notre mauvaise tête et puis voilà !

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  5. Je confirme l'aspect "si tu n'es pas bienveillant(e), tu es nulle" très répandu sur Internet. Plus par effet de mode qu'autre chose. Parce qu'il faut du temps pour changer ses habitudes et du temps pour que les autres s'y adaptent également.

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